En 2012, Rover sort un premier album – éponyme – unanimement salué par la critique et le public. Il est disque d’or avec plus de 50 000 ventes, obtient une nomination aux Victoires de la Musique dans la catégorie « Révélation du public ». Dans la foulée, il donne plus de 200 concerts, traverse les frontières, croise les peuples, les âmes.
En 2015, le dandy aux allures de colosse récidive et livre son second opus, Let It Glow, enregistré sur bandes magnétiques. Sa tonalité est cette fois blues-rock et ses chansons tantôt cristallines, tantôt rocailleuses.
Rover a réalisé lui-même cet album, l’a voulu analogique, laissant la place aux accidents et au lâcher prise. Il explique : « Choisir des instruments qui ont déjà vécu, c’est comme choisir une vieille voiture, c’est opter pour une non fiabilité, pour quelque chose qui peut avoir ses caprices. On sent qu’il y a des fantômes. Et pour celui qui est à l’écoute, ils peuvent devenir de vrais partenaires. »
Il poursuit : « J’ai très vite chassé cette angoisse du deuxième disque. De toute façon, la peur, les angoisses, les doutes, j’essaye toujours d’en faire des alliés. D’exploiter ces émotions plutôt que d’aller à l’encontre. Et le disque parle beaucoup de ça en réalité. D’une angoisse liée à l’être humain et qui m’obsède indirectement à l’écriture. J’aimerais que les gens écartent les murs, qu’ils n’aient plus peur de l’avenir, que les gens aient confiance. Cette peur omniprésente de notre époque est quelque chose de sournois, qui permet de contenir certaines attitudes. Et je sens que ça se répercute sur l’art, sur beaucoup de choses, sur les relations amoureuses, amicales. Il y a des sujets qui ressortent de façon constante comme l’épanouissement contrarié, la crainte de demain au sens propre, la crainte du changement, de l’autre… Les phobies et les névroses. Avec ce disque, je voulais voir le côté positif de tout ça. Je crois foncièrement que tout ça peut être apprivoisé, il faut accepter que tous ces sentiments planent autour de nous. Il faut assumer son époque, ce qui est bien comme ce qui ne l’est pas.
Ne serait-ce que le titre du disque, Let It Glow. Ça signifie : laisser les choses s’illuminer, briller par elles-mêmes. Ne pas les cloisonner, ne pas avoir le contrôle sur tout. Il existe aujourd’hui cette volonté de tout cadenasser, de tout écrire en fin de compte… Les choses sont mieux maîtrisées dès lors qu’on leur fait confiance. Et du coup, toute l’écriture du disque est là-dessus, tout l’enregistrement, la façon de procéder, avec qui je m’entoure, chaque micro détail est motivé par ça, par cette volonté de ne pas être dans le bluff et d’assumer ses défauts. Il ne s’agit pas de tout montrer, au contraire même mais de recréer le rêve dans son aspect le plus noble. Cet album, c’est aussi assumer le présent. Le présent angoisse, il est sans cesse en train de nous échapper. Le passé, on peut l’embellir, en faire ce que l’on veut, et avec le futur, on peut rêver ou cauchemarder. Le présent, c’est tout assumer : son corps, son âge, ses capacités, c’est être en face du miroir. »
Let It Glow brille en tout cas par son élégance rock aux échos seventies…